> Les numéros > Scumgrrrls N° 2 - Automne/ Fall 2002

Soupe opéra féministe - episode 1

by ACMT

La plupart d’entre vous se demandent certainement qui remportera les prochaines élections de juin. Notre magazine réserve une page de chaque numéro àdes interviews àce sujet. Ce mois, nous avons voulu rencontrer « la femme la plus dangereuse  », la génomée : Nic Badaboum.


- G : Bonjour Nic, tout d’abord une question qui reste sur toutes les lèvres : pourquoi vous appelle-t-on Nic Badaboum ?
- N : Bonjour, on m’appelle Badaboum parce que ça fait de la casse quand je m’en mêle. Et Nic, c’est ma mère qui m’appelait comme ça.
- G : Nic, à l’intérieur de la communauté les débats font rage en ce moment quant à savoir qui de Camilla ou de Jo remportera les suffrages majoritaires. Les enjeux sont clairs : depuis la Femdate, qui rendit le vote des femmes obligatoire pour des femmes, les femmes sont assurées de la majorité dans à peu près toutes les représentations. Cette situation est d’ailleurs regardée à l’étranger avec beaucoup de circonspection, d’angoisse pour certains, d’espoir pour d’autres. La représentation à la proportionnelle et les nombreux partis rendent la constitution d’un gouvernement de plus en plus laborieuse. Les positions de Camilla et Jo sont très éloignées, pourriez-vous nous dire de quel côté votre cœur penche ?
- N : Mon cœur ne penche pas, il est au balcon Gafi ! Même s’il règne dans la grande maison de nombreuses opinions au sujet de l’engagement de Jo, elle reste une Mentor de la Guilde. Mon cœur va avec elle.
- G : Camilla et la Guilde de Kranach ont promis aux électrices la disparition et l’éviction de tous les groupes d’action et de libération. Comment vous positionnez-vous face à ces promesses électorales ?
- N : Précisément, elles sont électorales. Rien n’est plus facile à dire, et rien ne sera plus difficile à faire que de retirer aux femmes un droit si chèrement et si récemment acquis.
- G : Vous ne semblez donc pas vous tracasser beaucoup de cette déclaration qui menace directement votre Guilde des armes et votre profession. Pourtant nombre de voix s’élèvent à l’intérieur de la communauté et à l’extérieur pour remettre en cause vos activités.
- N : Le sujet est vieux mais je ne pense pas qu’il puisse diviser la Grande Maison. L’influence des Guildes est aujourd’hui largement reconnue et appréciée, notre métier est réglementé, nous sommes sous contrat et nos activités sont parfaitement connues. N’en déplaise à beaucoup, tant que la sécurité des femmes ne sera pas une chose acquise, nous continuerons de livrer nos services de mercenaires Lesbiennes.
- G : Justement Nic, quelles sont d’après vous les positions qui divisent nos deux candidates ?
- N : Camilla reste partisane d’une société harmonieuse où hommes et femmes partageront les responsabilités et le labeur. Elle occupe en ce qui concerne les déprivatisations des positions qui sont quasi similaires à celles de l’ancienne droite néo-libérale. Elle voit encore dans les lois du marché de l’offre et de la demande une possibilité de régulation de la pauvreté et une source de richesse. Jo quant à elle à rejoint un parti qui n’a pas eu historiquement notre affection, mais qui semble vouloir changer de ligne. Elle présente des propositions sur la déprivatisation qui nous semblent plus acceptables, la création de richesse devant s’adresser aux êtres les plus démunis, c’est à dire les femmes et les enfants. Il n’y aura pas de choix faciles. Elle se distancie aussi de Camilla par la proposition de l’obligation du travail communautaire. Nous aurons l’occasion d’en entendre parler encore.
- G : Il faut le dire pour nos lectrices, votre ancienne Mentor d’armes se présente sur une liste qui s’appelle « l’essentiel c’est d’être une femme ». Que pensez-vous de ce parti et comment la Guilde dont vous faites partie apprécie t-elle la candidature de votre membre ?
- N : La Grande Maison n’a jamais voulu faire de politique en dehors de ses structures. Ce parti, il est vrai n’a pas eu notre soutien pendant les deux premiers mandats pour la bonne et simple raison qu’il n’entendait pas reconnaître la spécificité de la lutte Lesbienne. Tout le monde sait que pour faire partie d’une Guilde il faut être femme, et tout le monde sait aussi qu’un grand nombre d’entre nous deviennent Lesbiennes. Donc l’absence de considé- ration pour les analyses Lesbiennes et l’Essentialisme dont faisait montre le parti dans ses premières heures ne nous a pas paru mériter notre soutien. Il se fait que les choses changent, nous sommes prêtes à reconsidérer nos points de vue. D’ailleurs le fait que Jo soit en tête de liste du parti démontre déjà un changement, Jo est Lesbienne et luttera pour ses idées.
- G : Pourtant Jo et son parti veulent soumettre votre profession et les écoles d’armes au contrôle communautaire !
- N : Excusez-moi l’expression, mais c’est de bonne guerre. Je comprends parfaitement que politiquement, s’adressant à l’ensemble de la communauté, ce parti ne veuille prendre le risque de négliger le débat que nous sommes.
- G : Nic, on raconte énormément de choses sur vos horribles méfaits. Comment une si mauvaise réputation ne vous a-t-elle pas encore mise hors jeu, voire en prison ?
- N : Mes déclarations sont politiques et ce n’est pas parce que je m’attribue tous les meurtres d’hommes que personne ne réclame que j’en suis l’auteure ! Je suppose que la majorité sait faire cette distinction. Nous ne sommes pas encore sorties de la révolution et il est encore trop tôt pour révéler nos actions réelles ou supposées. Ce jour arrivera. En attendant, je reste la femme Eunuque qui tue plus d’hommes que l’alcool, mais de peu !
- G : Dans la réserve de Zeelande, la situation a beaucoup dégénéré lors de rébellion 82ème. Le gouvernement remit, comme de coutume, les pouvoir de gestion de crise aux seuls hommes élus du district. Ces élus ont fait appel aux mercenaires Lesbiennes, avec les résultats que l’on connaît. Pourquoi avoir accepté cette mission dans une réserve d’hommes ? Pourquoi avoir accepté ce risque et la responsabilité de cette action aux retombées politiques très négatives pour votre Guilde ?
- N : L’actuelle gouvernance de tendance gauche humaniste doit gouverner avec le parti des Couillus. Les Couillus sont un parti d’obédience conservatrice et centriste mâle. Quand ils nous ont demandé d’intervenir pour mettre fin aux troubles en Zeelande, ils savaient qu’aucun homme sensé ne mettrait les pieds là-bas. Ils ont cru se débarrasser de nous en créant l’événement. Un refus de notre part eut été interprété comme l’indifférence que l’on nous prête face à la communauté mâle. C’était tout aussi méconnaître nos relations avec les mercenaires hommes, qui sont excellents et qui nous ont soutenues. Nous sommes et restons des mercenaires, et pour autant que nous puissions respecter notre engagement vis à vis de la Communauté, que l’on nous paye, que la mission soit légale et que les risques nous conviennent, nous l’acceptons.
- G : Eh bien merci pour tous ces commentaires et à bientôt Nic Badaboum.