La plupart d’entre vous se demandent certainement qui remportera les prochaines élections de juin. Notre magazine réserve une page de chaque numéro à des interviews à ce sujet. Ce mois, nous avons voulu rencontrer « la femme la plus dangereuse  », la génomée : Nic Badaboum.
G : Bonjour Nic, tout d’abord une question qui reste sur toutes les lèvres : pourquoi vous
appelle-t-on Nic Badaboum ?
N : Bonjour, on m’appelle Badaboum parce que ça fait de la casse quand je m’en mêle. Et
Nic, c’est ma mère qui m’appelait comme ça.
G : Nic, à l’intérieur de la communauté les débats font rage en ce moment quant à savoir
qui de Camilla ou de Jo remportera les suffrages majoritaires. Les enjeux sont clairs : depuis
la Femdate, qui rendit le vote des femmes obligatoire pour des femmes, les femmes sont
assurées de la majorité dans à peu près toutes les représentations. Cette situation est
d’ailleurs regardée à l’étranger avec beaucoup de circonspection, d’angoisse pour certains,
d’espoir pour d’autres. La représentation à la proportionnelle et les nombreux partis rendent
la constitution d’un gouvernement de plus en plus laborieuse.
Les positions de Camilla et Jo sont très éloignées, pourriez-vous nous dire de quel côté
votre cœur penche ?
N : Mon cœur ne penche pas, il est au balcon Gafi ! Même s’il règne dans la grande maison
de nombreuses opinions au sujet de l’engagement de Jo, elle reste une Mentor de la
Guilde. Mon cœur va avec elle.
G : Camilla et la Guilde de Kranach ont promis aux électrices la disparition et l’éviction
de tous les groupes d’action et de libération. Comment vous positionnez-vous face à ces
promesses électorales ?
N : Précisément, elles sont électorales. Rien n’est plus facile à dire, et rien ne sera plus difficile
à faire que de retirer aux femmes un droit si chèrement et si récemment acquis.
G : Vous ne semblez donc pas vous tracasser beaucoup de cette déclaration qui menace
directement votre Guilde des armes et votre profession. Pourtant nombre de voix s’élèvent
à l’intérieur de la communauté et à l’extérieur pour remettre en cause vos activités.
N : Le sujet est vieux mais je ne pense pas qu’il puisse diviser la Grande Maison. L’influence
des Guildes est aujourd’hui largement reconnue et appréciée, notre métier est réglementé,
nous sommes sous contrat et nos activités sont parfaitement connues. N’en déplaise à beaucoup,
tant que la sécurité des femmes ne sera pas une chose acquise, nous continuerons de
livrer nos services de mercenaires Lesbiennes.
G : Justement Nic, quelles sont d’après vous les positions qui divisent nos deux candidates ?
N : Camilla reste partisane d’une société harmonieuse où hommes et femmes partageront
les responsabilités et le labeur. Elle occupe en ce qui concerne les déprivatisations des positions
qui sont quasi similaires à celles de l’ancienne droite néo-libérale. Elle voit encore dans
les lois du marché de l’offre et de la demande une possibilité de régulation de la pauvreté et
une source de richesse.
Jo quant à elle à rejoint un parti qui n’a pas eu historiquement notre affection, mais qui
semble vouloir changer de ligne. Elle présente des propositions sur la déprivatisation qui
nous semblent plus acceptables, la création de richesse devant s’adresser aux êtres les plus
démunis, c’est à dire les femmes et les enfants. Il n’y aura pas de choix faciles. Elle se distancie aussi de Camilla par la proposition de l’obligation du travail communautaire. Nous
aurons l’occasion d’en entendre parler encore.
G : Il faut le dire pour nos lectrices, votre ancienne Mentor d’armes se présente sur une
liste qui s’appelle « l’essentiel c’est d’être une femme ». Que pensez-vous de ce parti et comment
la Guilde dont vous faites partie apprécie t-elle la candidature de votre membre ?
N : La Grande Maison n’a jamais voulu faire de politique en dehors de ses structures. Ce
parti, il est vrai n’a pas eu notre soutien pendant les deux premiers mandats pour la bonne
et simple raison qu’il n’entendait pas reconnaître la spécificité de la lutte Lesbienne. Tout
le monde sait que pour faire partie d’une Guilde il faut être femme, et tout le monde sait
aussi qu’un grand nombre d’entre nous deviennent Lesbiennes. Donc l’absence de considé-
ration pour les analyses Lesbiennes et l’Essentialisme dont faisait montre le parti dans ses
premières heures ne nous a pas paru mériter notre soutien. Il se fait que les choses changent,
nous sommes prêtes à reconsidérer nos points de vue. D’ailleurs le fait que Jo soit en
tête de liste du parti démontre déjà un changement, Jo est Lesbienne et luttera pour ses
idées.
G : Pourtant Jo et son parti veulent soumettre votre profession et les écoles d’armes au
contrôle communautaire !
N : Excusez-moi l’expression, mais c’est de bonne guerre. Je comprends parfaitement que
politiquement, s’adressant à l’ensemble de la communauté, ce parti ne veuille prendre le
risque de négliger le débat que nous sommes.
G : Nic, on raconte énormément de choses sur vos horribles méfaits. Comment une si
mauvaise réputation ne vous a-t-elle pas encore mise hors jeu, voire en prison ?
N : Mes déclarations sont politiques et ce n’est pas parce que je m’attribue tous les
meurtres d’hommes que personne ne réclame que j’en suis l’auteure ! Je suppose que la
majorité sait faire cette distinction.
Nous ne sommes pas encore sorties de la révolution et il est encore trop tôt pour révéler
nos actions réelles ou supposées. Ce jour arrivera.
En attendant, je reste la femme Eunuque qui tue plus d’hommes que l’alcool, mais de peu !
G : Dans la réserve de Zeelande, la situation a beaucoup dégénéré lors de rébellion 82ème.
Le gouvernement remit, comme de coutume, les pouvoir de gestion de crise aux seuls
hommes élus du district. Ces élus ont fait appel aux mercenaires Lesbiennes, avec les résultats
que l’on connaît.
Pourquoi avoir accepté cette mission dans une réserve d’hommes ? Pourquoi avoir accepté
ce risque et la responsabilité de cette action aux retombées politiques très négatives pour
votre Guilde ?
N : L’actuelle gouvernance de tendance gauche humaniste doit gouverner avec le parti des
Couillus. Les Couillus sont un parti d’obédience conservatrice et centriste mâle. Quand ils
nous ont demandé d’intervenir pour mettre fin aux troubles en Zeelande, ils savaient qu’aucun
homme sensé ne mettrait les pieds là-bas. Ils ont cru se débarrasser de nous en créant
l’événement. Un refus de notre part eut été interprété comme l’indifférence que l’on nous
prête face à la communauté mâle. C’était tout aussi méconnaître nos relations avec les mercenaires
hommes, qui sont excellents et qui nous ont soutenues.
Nous sommes et restons des mercenaires, et pour autant que nous puissions respecter notre
engagement vis à vis de la Communauté, que l’on nous paye, que la mission soit légale et
que les risques nous conviennent, nous l’acceptons.
G : Eh bien merci pour tous ces commentaires et à bientôt Nic Badaboum.