Ne jamais en vouloir signifiait ne jamais en porter, ne jamais accoucher, ne jamais allaiter et tout cette sacro-sainte animalité qui me débectait. Il y avait surtout cette obsession de ne pas transmettre mes gènes, de stopper cette chaîne infernale d’une lignée destinée à s’éteindre, enfin.
Allais-je, par
faiblesse instinctive, manquer à ma tâche d’héroïne
exterminatrice de filiation ? J’avoue n’avoir dû
résister que quelques rares fois à de puissantes
pulsions de type vite, couchons avec n’importe qui,
il me faut un enfant tout de suite. Pas plus
compliqué que de résister à un désir de cigarette,
somme toute.
Cette radicalité ne m’a pourtant pas privée de
parentalité, ni de maternité. A 45 ans me voilà mère
de deux enfants et dans l’attente d’un troisième, en
ce moment en gestation. Ce troisième, je ne le porte
évidemment pas. Ça m’étonne encore de voir
certains de mes amis s’en étonner. Ces enfants, je
les ai voulus, je les ai pris, je les aime, parce que
j’aime la vie, et surtout la vie avec eux.
Conclusion ? Ta gueule Lacan.