Caster Semenya a remporté haut la main la finale du 800 mètres lors des Championnats Mondiaux d’Athlétisme de Berlin ce 19 aoà »t 2009.
Les images sont impressionnantes : elle devance ses adversaires de plusieurs mètres. Elle bat non seulement son record personnel, mais également celui de l’année sur cette distance. Les connaisseuses apprécieront : 1’55’’45. Les réputées favorites sur la distance sont perplexes. Elles doivent se contenter respectivement de la deuxième et troisième place, alors que l’une et l’autre briguaient la médaille d’or. Etonnement et irritation traversent les rangs. C’est que Caster Semenya a amélioré ses chronos de façon vertigineuse en une année, passant de la 36ème place mondiale à la médaille d’or.
Tout cela aurait pu être une nouvelle affaire de dopage.
Mais la Fédération Internationale d’Athlétisme
émet d’autres doutes et exige de la jeune femme
qu’elle passe des tests de féminité quelques heures
après la course. Tout ira très vite : polémiques dans les
médias, démission de son entraineur, explications
racistes pour les uns, misogynes pour les autres, ou
encore image de marque de l’Afrique du Sud.
Finalement les tests révèlent un cas d’hermaphrodisme ou d’intersexe selon les lexiques. Le fait est que cette affaire perturbe les fondements de la compétition sportive, et ce à plusieurs titres : conditions de la « justesse » de la compétition, conditions économiques, image de marque politique. Caster Semenya est une femme qui « biologiquement » bénéficierait d’un avantage « biologique » sur ses rivales, mises en conséquence en compétition déloyale. Je me demande, sans généraliser, en restant bien située dans cette seule catégorie de la course à pied : existe-t-il des cas d’hommes ayant été disqualifiés ou exclus ou non-autorisés à participer en raison d’un phénotype trop proche de celui d’une femme ? Il semble que non.
Que cela nous fait-il voir ? Que les normes de la compétition (il est bien entendu qu’il s’agit toujours de ce cas précis et bien situé de course à pied, sans tentation de généraliser) vont dans le sens d’une toujours plus grande puissance masculine. Certains commentateurs rapportent aujourd’hui que Caster Semenya devra choisir pour son avenir la transformation « biologique » qui correspondra à la catégorie « athlétique » dans laquelle elle voudra entrer en compétition.
Elle n’a pas fini de courir.