Les effets de la crise financière et économique de ces derniers mois paraissent surtout affecter les hommes, à en croire en tout cas les médias qui nous abreuvent d’images d’ouvriers masculins licenciés.
Sans doute cela s’explique par les secteurs qui furent touchés en premier lieu : la finance, les assurances, l’immobilier, la construction et l’industrie, secteurs majoritairement dominés par des travailleurs du sexe dit fort. Un rapport du VDAB, l’organisme flamand pour l’emploi, considère par exemple que la crise économique frappe surtout des diplômésmasculins.
Mais cette étude qui a fait les gros titres des journaux belges, pêche parses limites. Elle n’a en effet étudié les effets de la crise actuelle que sur les jeunes diplômés ayant trouvé un emploi en 2007. 1% des femmes dans ce cas ont perdu leur emploi entre 2008 et 2009, contre 28% des jeunes diplômés masculins. Cela ne prouve pas grand chose... On ne sait rien par exemple du secteur dans lequel cette étude a été réalisée ni des différences que présentent ces jeunes diplômés par rapport à des travailleurs plus anciens. Ce taux de licenciement plus élevé chez les hommes peut-il vraiment être rattaché à une seule question de genre ?
De nombreux économistes prévoient au contraire qu’une deuxième vague de licenciements touchera principalement le secteurdes services, qui emploie non seulement de nombreuses femmes, mais les emploie également dans des conditions plus précaires. Or, les licenciements ou chômage technique à venir toucheront en première ligne les emplois précaires et les occupations à temps partiel... détenus enmajorité par des femmes pour des raisons bien connues. Les conséquences pourraient être plus dramatiques encore pour les femmes dans les pays en voie de développement dans lesquels la protection sociale est pratiquement inexistante.
Perdre un ou deux revenus dans une famille diminue également le pouvoir d’achat et affecte le fameux panier de la ménagère. Si l’expression, toujours largement utilisée, semble sexiste, elle traduit aussi la réalité de la femme qui effectue les courses pour la famille. De nombreuses études démontrent que les mères de famille dépensent prioritairement pour les besoins collectifs duménage, alors que les courses effectuées par les hommes se consacrent plus à leurs besoins personnels et aux loisirs. La baisse de pouvoir d’achat résultant d’un éventuellement licenciement dans la famille risque de pousser encore plus les femmes à se priver pour assurer les besoins élémentaires de leurs enfants et de leurfamille. Autre effet genré de la crise...