Le joli monde gay n’est pas toujours aussi rose et pailleté qu’on pense. On y retrouve à l’oeuvre les mêmes petits artistes du machisme et de la misogynie. Il suffit de lire Têtu pour se rendre compte du fossé existant aujourd’hui entre la représentation des gays et celle des autres minorités de la communauté dite LGBT. Présenté comme le magazine des gays et lesbiennes, on cherche toujours la lesbienne, à l’avant-dernière page, après la mode et le shopping où l’on apprend aux garçons à toujours rester bien baisables selon les critères du Marais où s’enfoncent désormais les temples magiques du consumérisme branché. But let them die in their damn t-shirt ! !
STONEWALL IN YOUR MOUTH ! !
A Bruxelles comme dans toute capitale occidentale,
être gay semble être synonyme de perte de mémoire
de l’Histoire. Oubliés les mouvements féministes qui
ont permis le FHAR (Front Homosexuel d’Action
Révolutionnaire) et les autres mouvements de libération
des homos. Phagocyté Stonewall, d’abord révolte
des transsexuels, folles et travelos et aujourd’hui
symbole d’une émeute masculine, forcément virile : il
faut faire bonne figure face au policier, sa matraque
et son bel uniforme. Etre gay, c’est la culture gay,
Madonna au mieux, Mylène au pire, des icônes, des
signes, des marques, un rang. Les mecs gays ne se
posent plus trop de questions. Mariés, pères de famille
et patrons d’entreprise, ils ont troqué leur vêtement
militant tellement ringard pour les habits plus
brillants et moins bruyants de la majorité dominante.
Qu’ont-ils à défendre désormais si ce n’est leur droit à
augmenter leur pouvoir d’achat et/ou de sexualité ?
S’il est évidemment logique que des lieux soient réservés aux homosexuels masculins, je connais des gays qui ne restent qu’entre mecs. Ils sortent entre mecs, baisent forcément entre mecs, ont des idées plutôt archaïques sur ce que représente la féminité (femmes, folles, queer ?). Ils ont sans doute une copine hétéro pour leur donner bonne conscience, reléguée à la fonction de consolation maternelle et sans doute fille à pédé. Où sont les garçons à lesbiennes ? Et hétéros s’il vous plaît. Ne parlons pas des copines lesbiennes qui à moins d’être lipstick, col monté et surtout pas féministes, s’avèrent trop dangereuses et trop subversives ou alors trop radicales. S’énerver en tant que femme contre le sexisme des gays ou le sexisme en général, c’est d’office être radicale, extrémiste et frustrée du vagin. Et puis chez elles, il doit y avoir plein de photos de mecs à poil avec la bite effacée au tipex !
Certains d’entre eux ne comprennent même pas des évidences : et oui dans une assemblée publique, les femmes ont un accès plus limité à la parole. Même dans une assemblée très ouverte sur les questions de genre comme l’assemblée générale des Universités d’Eté des Homosexualités de Marseille (UEEH) où tous les administratEURS sont appelées administratRICES, on doit encore mettre en place des procédures pour que les femmes puissent avoir un temps de parole équitable.
TOUCHE PAS À MA JUPE !
Vivre les Universités des Homosexualités à Marseille est une expérience plutôt déroutante. On nous promet monts de venus et merveilleuses bites ; des bi, des trans, des lesbiennes et des « gays » réunis pour échanger, partager, s’amuser, éventuellement baiser. Lieu de tous les possibles et de tous les genres, on s’y amuse en effet, on y partage quelques fois mais chassez le conformisme, il revient au goulot de bouteilles bien formatées et pernicieusement machistes. Moi qui adore me promener en jupe, les Universités m’ont donné l’espace pour me permettre ce bien-être en toute sécurité. Mais aux insultes voire aux agressions physiques que je prendrais sans doute si je me baladais en jupette au centre-ville, mon habit quotidien est vite devenu un déguisement amusant aux yeux de la plupart des garçons des UEEH. Mettre une jupe équivaut à un travestissement, un déguisement dans le sexe féminin. A ce titre, j’ai eu droit au traitement de défaveur de me faire peloter, siffler et mater. Et vérifier au besoin que je n’avais pas perdu autre chose que mon jean « Energy » ou mon bermuda militaire en laissant allègrement balader ses mains sous ma belle jupe. Si cela est parfois agréable, le caractère systématique et autoritaire (on ne vous demande évidemment pas votre avis !) du procédé finit par lasser et par n’être plus du tout excitant. Et il s’agissait donc bien d’homosexuels reproduisant les comportements misogynes les plus basiques. Même pas la moindre subtilité. La misogynie n’est hélas ! pas l’apanage d’hétéro-beaufs refoulés : un autre garçon appréciant aussi mettre des robes et jupes, a subi le même sort et en ce compris quelques claques sur les fesses par des lesbiennes décidément bien sexistes.
C’EST 2 GAYS DANS UNE DOUCHE...
Et oui, les UEEH, ce ne sont pas seulement des ateliers intéressants, des calanques magnifiques et des soirées arrosées, c’est aussi un lieu où des choses étonnantes, superbes peuvent arriver et où à l’intensité des rencontres entre personnes si différentes, semble parfois répondre une certaine forme de violence. Un groupe de femmes avait ainsi fait la demande d’avoir un étage qui leur soit réservé. Quoi de plus normal dans une société où les lieux réservés aux femmes ne sont pas légion. Cet espace n’était cependant pas fermé avec des grilles ; c’était d’ailleurs celui qui était le plus accueillant de par une déco colorée qui tranchait avec l’austérité du bâtiment. Un apéro ouvert à tout-e-s y a été organisé. Et il a donc fallu qu’en une semaine, des mecs considérant sans doute ce territoire comme ayant trop de velléités d’indépendance, y réimposent leur pouvoir et leur volonté de contrôle en le traversant comme le maître parcourt ses terres, en téléphonant devant les chambres tard dans la nuit ou en venant baiser dans les douches. Dommage que Mother Bates ne soit pas passée par là, histoire de poignarder leur complexe D’saletype et leur arrogance.
MISO ET PAS MASO SONT AU PATIO
Ah ! le patio de l’école des Beaux-Arts de Marseille. C’est le lieu de l’apéro, des soirées, des bains de pieds ou de plongeons dans le bassin. Plus haut, il y aussi le patio naturiste. Le fief des gays qui se bronzent les fesses car, avec des vacances aussi peu chères (vive l’associatif !), il faut bien revenir avec le teint doré. On baise aussi au patio naturiste. Enfin, y a des mecs qui baisent devant d’autres mecs. Qui regardent. Bon, une lesbienne débarque, cool, elle veut se bronzer les fesses elle aussi. Et ben nan ! Aux regards pleins de dégoût et d’affolement que lui lancent ces charmants hommes, elle comprend qu’elle n’est pas la bienvenue. Pas maso, elle s’en va vite fait.
La violence est là, les gars, la vôtre. Quoi ? ah bon, ils sont étonnés ces bons gays blancs bien-pensants qu’ils puissent être violents. Au-dessus de la pyramide LGBT dont l’existence telle quelle n’a plus beaucoup de sens, les gays sont les dominants d’un sous groupe sur lequel ils règnent sans guère de partage. Sérophobie, transphobie, misogynie, racisme évidemment sont les caractéristiques de la nouvelle Gaytitude.
SUIS PÉDÉ ET J’AIME LES FEMMES
J’ai toujours aimé les femmes, les filles, les garçonnes, les bûcheronnes, les cochonnes. Je suis plus lesbienne que gay. Les gays n’aiment pas la différence, le changement. Les gays sont tolérants. Je préfère être pédé, ne pas être toléré, ne pas être bronzé. J’aime que les femmes puissent être torse nu sans que cela soit considéré comme de la provocation ou une invitation sexuelle. J’aime rouler des pelles à mes copines gouines parce que je les aime. J’emmerde la galanterie, les syndicalistes machos, les altermondialistes et les écolos sexistes. Vive l’éjaculation féminine et les conseillères d’orientation !